
De violentes manifestations sont actuellement en cours au Nigeria. Elles ont déjà causé la mort de douze personnes.
Depuis deux semaines, les jeunes sont dans les rues pour dénoncer les violences policières, et notamment celles de la Brigade spéciale de répression des vols (SARS). Sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #ENDSARS, leurs revendications font le tour du monde.
Can we resume our #EndSARS protest or it's finished???
Are we just going to give up???✊😢#ItIsNotFinished pic.twitter.com/BjHXpFI3E1— Heartbroken Flirt #EndSars (@barry_ayo) October 23, 2020
Le gouvernement a été contraint de dissoudre le SARS mais les revendications de la jeunesse nigériane continuent. Les jeunes en appellent à de « véritables réformes de la police » ainsi qu’à la traduction en justice des policiers du SARS.
Les évêques du Nigeria se sont d’ailleurs exprimés à ce sujet dans un communiqué.
« La dissolution de la SARS ne résout pas les énormes problèmes du Nigeria dans la mesure où il est inutile de soigner les symptômes d’une maladie lorsque l’on n’en connaît pas la cause principale. »
Pour eux, les exactions du SARS révèlent un « échec de l’État du Nigeria ».
« L’audace et l’impunité avec lesquelles des fonctionnaires de la SARS ont œuvré pendant tout ce temps constitue une manifestation de l’échec de l’État du Nigeria ».
Mark Ezeh, religieux nigérian, explique auprès de l’Agence Fides le contexte de pauvreté « très répandue » qui « écrase la population », dans ce pays pourtant riche en ressources naturelles, mais aussi la forte corruption qui y règne.
« Face à cette situation, la population est descendue dans la rue. Depuis deux semaines, les villes sont en agitation. Le gouvernement a réagi en envoyant dans les rues la police et les forces armées. Au cours des affrontements intervenus à Lagos, la capitale commerciale du pays, ont été enregistrées quelques victimes, autre motif pour lequel la protestation à l’égard des forces de l’ordre s’est encore renforcée. »
Il affirme que les manifestants étaient « pacifiques depuis le début » mais que « la réaction de la police et des forces de l’ordre a porté à la violence ».
« Maintenant, les manifestants sont apeurés mais pas intimidés. L’interdiction de sortir ne les touche pas. Ils dorment dans la rue et continuent à manifester et personne ne peut les arrêter. De profondes réformes sont nécessaires, non seulement concernant les forces armées et de police mais également dans le domaine de l’économie. La population n’en peut plus. »
Le prêtre Uchechukwu Obodoechina, directeur du Département des Affaires sociales de la Conférence épiscopale du Nigeria, pointe lui aussi « la faim et la pauvreté, le banditisme et l’insécurité, le chômage et la corruption systémique dans les rangs du gouvernement, les violations des droits fondamentaux et le caractère dissolu du monde politique ».
Il l’affirme, « les jeunes qui protestent méritent d’être écoutés et pris véritablement au sérieux ».
« La jeunesse nigériane, avec une sombre détermination, s’est réveillée de son sommeil pour demander non seulement la dissolution de la formation de sécurité bien connue mais aussi un programme de transformation sociale immédiate en mesure d’assurer une vie digne à tous les Nigérians. Les jeunes qui protestent méritent d’être écoutés et pris véritablement au sérieux. »
Mgr Alfred Adewale Martins, basé à Lagos, demande à « tous les fidèles, frères et sœurs, de s’agenouiller pour prier » pour le Nigeria.
« Ce sont des moments vraiment difficiles mais déterminants et nous devons donc prier avec plus de ferveur qu’auparavant. »
M.C.
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